Les médicaments vétérinaires et leurs résidus : quels risques pour les organismes non cibles et le fonctionnement des écosystèmes ?
Auteurs
Résumé
Les médicaments vétérinaires rejetés dans l’environnement peuvent avoir des effets indésirables sur des organismes non-cibles présents autour des élevages. En milieu aquatique, les rejets les plus significatifs sont liés à l’aquaculture, certaines molécules pouvant affecter les crustacés qui se nourrissent à proximité des cages de poissons. En milieu terrestre, les rejets d’antibiotiques, qui représentent un problème sanitaire majeur, ont largement baissé au cours des cinq dernières années grâce au plan Ecoantibio mais la quantité globale utilisée reste importante. Le problème demeure pour les antiparasitaires éliminés par voie fécale et qui conservent leurs propriétés insecticides ainsi que pour les médicaments appliqués par voie topique (pour-on) dont une partie peut se retrouver d’emblée dans l’environnement. En affectant les organismes coprophages qui exploitent les bouses, ils perturbent la structure de leurs communautés, et peuvent impacter indirectement les services écologiques rendus à l’écosystème, en particulier le taux de dégradation des déjections. Ces résidus peuvent aussi contaminer les points d’eau et la faune aquatique. L’Agence Européenne du Médicament a rédigé une ligne directrice qui sert de base à l’évaluation des médicaments qui contiennent des substances persistantes, bioaccumulables et toxiques (PBT) ou très persistantes et très bioaccumulables (vPvB). Cette ligne directrice est utilisée dans le cadre de l’évaluation de l’impact environnemental d’un produit en cours d’autorisation de mise sur le marché ou lors d’un arbitrage conduisant à une réévaluation de l’impact d’un médicament vétérinaire. Selon les données évaluées et le rapport bénéfice/risque du médicament, des mesures pour minimiser les risques environnementaux (restrictions d’usage, mise en garde, etc.) peuvent être imposées, et même un refus d’autorisation de mise sur le marché peut être prononcé.
Abstract
In the aquatic environment, the most significant problems are related to aquaculture, since some molecules may affect crustaceans that feed near fish cages. In the terrestrial environment, release of antibiotics, which represent a major health problem, have dropped significantly over the last five years thanks to the Ecoantibio plan, however the overall quantity remains high. The problem remains for the parasiticides eliminated in faeces and which conserve their insecticidal properties, as well as for topically applied drugs (pour-on) which can be found directly in the environment. By affecting coprophagic organisms that feed on dung, they disrupt the structure of their communities, and can indirectly impact the ecosystem, for example, the rate of manure degradation. These residues can also contaminate ponds and affect aquatic fauna. The European Medicines Agency has issued guidelines providing help in the evaluation of veterinary medicinal products containing a Persistent, Bioaccumulative and Toxic (PBT) or very Persistent and very Bioaccumulable (vPvB) substance. These guidelines are used during the evaluation of the environmental impact of a veterinary medicine during the marketing authorisation procedure or during a subsequent reassessment of the impact of the drug. Depending upon the data and the benefit-risk assessment of a drug, risk mitigation measures (restriction of use, warnings, etc...) can be taken or the drug banned from sale.