Nouvelle approche thérapeutique des mammites cliniques non sévères : un diagnostic avant tout traitement

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Résumé
La gestion des mammites cliniques non sévères en élevage laitier a longtemps reposé sur un traitement antibiotique immédiat. Toutefois, cette approche systématique est remise en cause face aux enjeux croissants de l’antibiorésistance et de la rationalisation de l’emploi des antibiotiques. Les mammites cliniques, distinctes des formes subcliniques détectables uniquement par analyses spécifiques, se déclinent en formes bénignes (altération du lait sans inflammation locale), modérées (inflammation du quartier atteint) et sévères (signes systémiques engageant le pronostic vital). Cette présentation s’applique aux formes non sévères (bénignes et modérées). Aujourd’hui, un changement de paradigme s’impose : un diagnostic bactériologique préalable permet d’optimiser la prise en charge des mammites non sévères en réservant les antibiotiques aux infections nécessitant réellement leur usage. La nécessité de restreindre l’emploi des antibiotiques en élevage s’inscrit dans un cadre réglementaire strict, avec pour objectif une réduction de 50 % d’ici 2030. En dépit des efforts entrepris, notamment via le premier plan EcoAntibio ayant conduit à une baisse de 23 % de la consommation d’antimicrobiens en élevage bovin, la stagnation actuelle exige de nouvelles stratégies. Plusieurs études démontrent qu’un traitement différé, initié après un diagnostic bactériologique, est aussi efficace qu’un traitement empirique immédiat en matière de guérison clinique et d’impact sur la production laitière. Par ailleurs, certaines mammites, notamment celles associées à Escherichia coli, affichent des taux de guérison spontanée élevés (80 à 95 %), rendant le recours aux antibiotiques inutile dans ces cas. De même, en l’absence de croissance bactérienne lors des analyses, aucune différence significative n’est observée entre les lots recevant ou non des antibiotiques, notamment sur la durée des signes cliniques, la guérison cellulaire et la performance laitière. L’essor des tests diagnostiques rapides, fournissant un résultat en 7 à 48 heures, facilite l’application de cette approche sélective et limite l’usage inapproprié des antibiotiques. Sur le plan économique, cette stratégie permet une réduction de 26 % des traitements antibiotiques (résultats clinique vétérinaire de la Haute Auvergne [CVHA]), tout en privilégiant les monothérapies à base de pénicilline G (plus de 80% des traitements prescrits – résultats CVHA), restreignant ainsi le recours aux antibiotiques à large spectre ou à des associations d’antibiotiques. La diminution des jours de retrait du lait et l’optimisation des traitements améliorent également la rentabilité des élevages. L’adoption de cette approche représente une avancée majeure conciliant efficacité clinique, responsabilité sanitaire et viabilité économique. Elle renforce le rôle du vétérinaire en tant qu’expert du diagnostic et acteur clé de la gestion raisonnée des traitements.
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