Retard de croissance avec anémie sur des génisses dès l’âge de 6 mois : un cas de bunostomose

Auteurs
Résumé
Trois génisses de 1 an et demi sont référées en octobre 2024 au CHUV d’Oniris pour identifier l’origine de retards de croissance apparus depuis 1 an. Les retards de croissance sont observés à partir de 6 mois d’âge, et les génisses sont élevées en bâtiment, en cases collectives sur litière accumulée, sans accès à l’extérieur. A leur arrivée, les génisses ont un déficit staturo- pondéral sévère, sont cachectiques malgré un appétit conservé, et deux d’entre elles ont des muqueuses pâles et un oedème sous-glossien. Ce tableau clinique nous évoque une infestation par Bunostomum phlebotomum, nématode hématophage qui se localise dans les premiers segments intestinaux. Une coproscopie révèle une infestation faible à élevée par des strongles gastro-intestinaux (SGI), confirmés par coproculture et à l’autopsie comme étant B. phlebotomum chez l’une d’entre elles. Suite à ce diagnostic, l’éleveur a mis en place un traitement anticoccidien (diclazuril) chez les génisses de 2 mois et un anthelminthique (fenbendazole) chez toutes les génisses, sans changer ses pratiques d’entretien des litières. Il n’a observé aucun nouveau cas de retard de croissance depuis. B. phlebotomum est un parasite digestif initialement décrit en zone tropicale et peu connu en France. Pourtant, plusieurs cas d’infestation ont déjà été décrits sous nos latitudes depuis une dizaine d’années. L’élevage en bâtiment, sur litière accumulée, pourrait favoriser la survie de ce parasite, en particulier s’il existe des défauts d’hygiène de la litière, une surdensité animale et probablement certaines conditions météorologiques. L’immunité, considérée habituellement acquise en quelques mois contre les SGI, semble pouvoir mettre plus de temps à s’installer vis-àvis de B. phlebotomum, une des génisses ayant encore des bunostomes plus d’un an après le début des signes cliniques. Il est donc important de savoir reconnaître le tableau clinique de la bunostomose (amaigrissement avec appétit conservé pouvant aller jusqu’à un retard de croissance, muqueuses pâles, oedèmes en région déclive chez des bovins de plus de 2 mois élevés en bâtiment), ainsi que les outils diagnostiques et de maîtrise à notre disposition afin de pouvoir agir précocement. Dans le cas présent, comme aucune mesure n’a été mise en place pour améliorer l’hygiène des litières, il n’est pas impossible que des cas réapparaissent ultérieurement. Des mesures sanitaires seront alors à ajouter pour éviter le risque de développement de résistance aux antiparasitaires.
D'autres articles
Découvrez aussi nos formations
10 juin 2025
09h00 → 17h00
Bovin laitier · Bovin viande · Bovins