Darwin avait raison : sa théorie de la sélection (non) naturelle appliquée aux nématodes. Prise de conscience et responsabilité du praticien
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Résumé
En termes de gestion du parasitisme bovin, le vétérinaire praticien se doit de trouver le juste équilibre entre bien-être animal, productivité, écotoxicité et sélection de populations vermineuses résistantes et ce, dans un contexte où les parasites sont souvent omniprésents au regard des conditions d’élevage modernes. Il doit avoir conscience que la résistance aux anthelminthiques est un phénomène adaptatif préexistant et génétiquement transmis dans une population parasitaire sauvage. Chez les bovins en France, des résistances ont été décrites pour Ostertagia et Cooperia. Ces résistances, pour l’instant, peuvent être présentes sans aucune expression clinique ; d’autant que les bovins mettent en place une immunité forte contre la plupart des parasites métazoaires. Les mécanismes de résistance inhérents aux parasites concernent principalement deux types de fonctionnements ; d’une part, des mutations rendant inaccessibles les sites d’action des anthelminthiques et, d’autre part, une meilleure efficience des mécanismes d’évacuation des molécules biocides. L’avènement d’une résistance phénotypique résulte du remplacement progressif d’une population parasitaire sensible par une population résistante. Cette évolution de la population parasitaire sous pression des traitements anthelminthiques dépend fortement de l’importance de la population parasitaire sauvage non touchée par les traitements (qualifiée de refuge). L’approche « bottlenecks » suggère qu’une pression antiparasitaire faible sur un refuge faible est suffisante pour induire une résistance forte ; d’où notre grande responsabilité de prescripteurs. Si la nécessité de vermifuger n’est pas à remettre en cause dans certaines conditions d’élevage, toute utilisation d’antiparasitaire a des conséquences en termes d’équilibres biologiques et d’évolution de la population parasitaire concernée. Pour les praticiens, le premier principe conducteur doit être la santé des animaux, leur bien-être et leur productivité. Il faut donc en premier lieu aborder la nature et l’amplitude du risque parasitaire, préférentiellement par une approche épidémiologique. Une fois ceci effectué, il faut prendre en compte l’impact environnemental des différentes solutions envisagées ainsi que leur pression de sélection de résistance. La qualité et l’abondance de la population refuge au moment du traitement (à savoir les stades larvaires sur les parcelles et les vers chez les animaux non traités) devra être appréciée que ce soit au sein du lot traité, de l’ensemble du troupeau ou sur les parcelles utilisées. Seule cette démarche permettra de proposer à l’éleveur la meilleure solution de gestion du parasitisme de son élevage.
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