Dominantes pathologiques et grandes mesures de prophylaxie sanitaire
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Résumé
Un état des lieux sanitaire des élevages caprins laitiers de l’ouest de la France a été effectué dans le cadre de l’OMACAP, observatoire des maladies caprines. Les maladies les plus souvent pénalisantes ont été identifiées grâce aux bilans sanitaires de 148 élevages (280 BSE) renseignés par des vétérinaires spécialisés. La valorisation d’autres données existantes et la mise en oeuvre d’enquêtes ciblées ont permis de préciser les étiologies associées, caractériser l’impact de ces maladies et identifier leurs principaux facteurs de risque et moyens de prévention. La pathologie des jeunes est la plus fréquente, notamment les colibacilloses (39% des élevages jugés pénalisés) et les pasteurelloses (47%). Leur impact est surtout lié aux conséquences pour le renouvellement du troupeau et/ou à l’usage d’antibiotiques. Chez les adultes, les diarrhées et morts subites d’origine nutritionnelle sont également très fréquentes (34% des élevages pénalisés / 25% des mortalités des chèvres). Les autres troubles d’origine nutritionnelle sont la toxémie de gestation (19% des élevages pénalisés) et la listériose (13%), et l’urolithiase obstructive est une cause fréquente de mortalité des boucs. Les troupeaux sont par ailleurs infectés par en moyenne au moins 4 maladies contagieuses majeures. Le CAEV est présent dans 95% des élevages, mais il n’est jugé pénalisant que lorsque les atteintes articulaires engendrent des boiteries, et notamment si celles-ci concernent des primipares (7% des élevages pénalisés). La lymphadénite caséeuse présente une prévalence comparable mais elle impacte très peu la production. En revanche l’émergence du microcoque de Morel est préoccupante en raison du nombre beaucoup plus élevé d’abcès par animal, notamment chez les chevrettes, et des difficultés de son contrôle. Les mycoplasmes sont responsables d’épisodes cliniquesmajeurs dans 9% des élevages, principalement sous forme mammaire, mais leur détection par un dépistage PCR régulier sur lait de tank est beaucoup plus fréquente (plus de 50% des élevages après 6 PCR sur 2 ans). La paratuberculose est également détectable dans une proportion élevée de troupeaux (75% des élevages avec un sérodépistage sur 100 chèvres en moyenne) mais ne provoque des séries de cas cliniques qu’en présence de stress, notamment d’origine alimentaire. La prévalence de la fièvre Q est variable selon les secteurs et peut concerner 80% des élevages, mais elle occasionne peu des séries abortives (3% des élevages), probablement grâce à la circulation active et l’immunité acquise par des infections précoces et régulières. Malgré la forte prévalence des maladies contagieuses, la maîtrise des pratiques d’élevage peut permettre de contrôler l’expression de ces maladies, mais des mesures de biosécurité renforcées (séparation des chevrettes à la naissance, allotement et réforme...) et/ou la vaccination peuvent s’avérer nécessaires. La caractérisation du statut sanitaire des troupeaux caprins doit également être renforcée pour mieux connaître les maladies présentes et prévenir leur expression clinique.