Le traitement de la gale des ovins : baignoire ou seringue ?

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Résumé
La recrudescence de la gale psoroptique ovine touche la plupart des régions depuis quelques années. L’importance économique de cette maladie, les atteintes au bien-être animal dont elle est responsable, les difficultés rencontrées pour la maîtriser sinon l’éradiquer nécessitent une mise au point sur son traitement et les contraintes qui s’y rattachent ; ceci sur fond de déréglementation de cette parasitose qui a disparu de la liste des maladies réglementées dans la loi de santé animale (LSA) Les choix qui s’offrent au vétérinaire prescripteur dans le traitement de la gale sont restreints, aussi bien au niveau des modalités de traitement que des contraintes qui y sont associées. Prosaïquement, il se résume à « je baigne ou je pique ?! » Contraintes organisationnelles pour ce qui concerne le bain : trouver une baignoire mobile en temps et en heure, en état de fonctionner ainsi que du personnel formé à son utilisation est devenu une gageure qui met souvent en cause la rapidité et l’efficacité du traitement. Contraintes techniques : le bain est un chantier lourd, qui demande une organisation avant, pendant et après et où chaque étape doit suivre des prescriptions bien définies. Les injections de lactones macrocycliques (LM) requièrent également une technicité particulière de la part de l’éleveur, surtout lorsqu’un grand nombre d’animaux doivent être traités. Contraintes réglementaires : les temps d’attente pour les animaux destinés à l’abattoir et pour les brebis productrices de lait destiné à la consommation humaine réduisent encore le champ des possibilités quand ils ne conduisent pas à une impasse. Contraintes vis-à-vis des animaux : la balnéation n’est pas une modalité de traitement anodine selon le stade physiologique des animaux : gestation, jeune âge…en comparaison avec les injections de LM. Cependant, dans les deux cas, une utilisation répétée à des concentrations ou des posologies inadaptées peut conduire à l’apparition de psoroptes résistants ; de surcroît l’injection de LM soumet les populations de strongles gastro intestinaux présents dans le tractus digestif des ovins traités à une pression de sélection de résistance inopportune. Contraintes vis-à-vis de l’humain : la balnéation est la modalité de traitement où les implications vis-à-vis de l’humain sont de loin les plus importantes en matière de toxicité des substances actives. Le phoxim appartient à la famille des organophosphorés et peut être responsable de syndromes neurologiques, la deltaméthrine de la famille des pyréthroïdes de synthèse possède également une toxicité aux manifestations protéiformes. Ces effets toxiques qui peuvent être consécutifs à l’exposition cutanée par éclaboussures, frottement ou inhalation de vapeurs à partir des émulsions doivent rendre obligatoires le port d’équipements de protection individuelle (EPI). Contraintes vis-à-vis de l’environnement : les substances actives contenues dans l’émulsion de balnéation peuvent contaminer le milieu extérieur à partir de la toison des animaux baignés qui s’égoutte et également par excrétion dans les fèces et les urines ; les LM du fait de la présence de métabolites encore actifs dans les fèces des animaux traités. Dans les deux cas, des conséquences sur les insectes coprophages (bousiers, diptères…) mais aussi sur les insectes pollinisateurs sont à prendre en compte particulièrement. De par sa nature et la quantité d’émulsion qu’il contient, le bain représente en tant que tel une source de pollution importante : fuites de la cuve, protections latérales inadaptées, et surtout reliquats de balnéation. Ce dernier point mérite une attention particulière car leur recyclage ou leur inactivation peut poser problème, l’utilisation de ces résidus pour pulvériser le bâtiment d’élevage et les supports de grattage est une option peu satisfaisante mais proposée en l’absence d’études précises qui permettraient de quantifier précisément dans quelles conditions, de quelle façon, après quelle durée, ces substances pourraient être inactivées. L’ensemble de ces contraintes prises en compte, un cadre très étroit se dessine où la prescription vétérinaire trouve toute sa place et parvient à s’inscrire dans une démarche « une seule santé » où animal, humain et environnement sont pris en compte. Ce cadre contraint doit être respecté au mieux ; des techniques de traitement topiques non immersives (douche, pulvérisation) doivent être abandonnées ainsi que l’utilisation de LM ne possédant pas d’indications de traitement de la gale psoroptique ovine. Enfin, la maîtrise de la gale psoroptique ovine dans une démarche biosécuritaire bien comprise doit passer par une grande rigueur lors de l’introduction d’animaux dans un troupeau, rigueur associée à une quarantaine réelle effective et à l’utilisation de LM à l’arrivée des animaux dans l’élevage.
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