Le bien-être animal pour les colonies d’ abeilles : concept inapproprié ou avant-gardiste ?
Auteurs
Résumé
Le bien-être animal est un concept qui repose aujourd’ hui sur un socle règlementaire. Autrefois nés pour sanctionner les mauvais traitements, les Lois et Règlements sont devenus aujourd’ hui des encouragements au respect de bonnes pratiques. L’ abeille mellifère, pourtant espèce domestique et animal producteur de denrées animales, ne fait pas partie des bénéficiaires de ces textes car ceux-ci excluent les invertébrés. Ce vide juridique relatif à ses conditions d’ élevage, à son transport, voire à sa fin de vie, a-t-il un fondement social, politique, éthique ou même scientifique ? A l’ heure ou la société place le bien-être animal comme une priorité préambule à toute forme d’ élevage, la question amène légitimement à s‘interroger sur le ressenti des émotions par les abeilles voire des insectes d’ élevage au sens large, et à se demander si ce sont des « êtres sensibles ». Bien que les connaissances scientifiques dont nous disposons ne fassent pas consensus, le doute semble permis car il existe des preuves croissantes que les insectes et les abeilles en particulier sont capables de ressentir des émotions. Si l’ on prend en compte ces doutes, une remise en question de certaines pratiques apicoles apparaît nécessaire. Toutefois, contrairement aux autres espèces domestiques, l’ apiculteur n’ est pas l’ unique chaînon car il ne maitrise pas l’ ensemble des paramètres du bien-être de ses animaux. Ainsi, et par exemple, la modification des paysages, le réchauffement climatique, les pratiques agricoles intensives participent à dégrader les conditions de vie de l’ abeille et la rendent de moins en moins résiliente. Le bien-être des abeilles apparaît alors comme l’ affaire de tous et pas seulement de son éleveur.
Abstract
Once designed to punish mistreatment, laws and regulations have now become incentives to respect good practices. The honeybee, despite being a domestic species and an animal that produces animal products, is not one of the beneficiaries of these texts, which exclude invertebrates. Is there a social, political, ethical or even scientific basis for this legal vacuum concerning its rearing conditions, transport and even its end-of-life? At a time when society considers animal welfare to be a priority and a prerequisite for all forms of animal husbandry, this question legitimately raises the question of whether bees, or farmed insects in the broadest sense of the term, feel emotions, and whether they are “sentient beings”. Although there is no consensus on the scientific knowledge available to us, there seems to be room for doubt, as there is growing evidence that insects, and bees in particular, are capable of feeling emotions. If we take these doubts into account, it seems necessary to reconsider certain beekeeping practices. However, unlike other domestic species, the beekeeper is not the only link in the chain, as he or she does not control all the parameters involved in the well-being of his or her animals. For example, changes to the landscape, global warming and intensive farming practices are all contributing to a decline in the bee's living conditions, making it less and less resilient. The well-being of bees is therefore everyone's business, not just that of the breeder.
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