Les fermes conduites en agriculture biologique : lieu privilégié pour une approche globale dans la gestion de la santé animale
Session Vétérinaire au cœur des enjeux sociétaux JNGTV 2019
Contexte
Depuis dix ans, l’élevage conduit en agriculture biologique connaît une croissance continue en réponse à une forte demande des consommateurs, particulièrement sensibles au problème de l’antibiorésistance. Pour la santé des troupeaux, le cahier des charges de l’agriculture biologique recommande de s’inscrire d’abord dans une démarche préventive et de recourir, en cas de problèmes de santé, prioritairement à des alternatives aux médicaments de synthèse. Une telle approche implique de privilégier une vision globale de la santé du troupeau qui passe par des actions de prévention et une observation fine des animaux afin d’anticiper les déséquilibres biologiques. Ce niveau d’observation est plus facile et accessible dans les structures de petite taille. Quelle que soit la filière, diverses enquêtes montrent que face à un problème sanitaire, les éleveurs en agriculture biologique ont d’abord recours à des alternatives aux produits de synthèse : oligo-éléments, homéopathie, plantes médicinales. Une mesure des usages en médicaments dans 292 élevages de la région Auvergne Rhône-Alpes adhérents aux groupements conventionnés (dont 20 % en bio) a été menée par la Fédération des Eleveurs Et Vétérinaires En Convention (FEVEC). Elle montre que l’usage des médicaments allopathiques est moindre de 34 % entre les éleveurs bio et les éleveurs conventionnels. L’exposition aux antibiotiques estimée par l’indicateur ALEA (Animal Level of Exposure to Antimicrobials) est de 0,24 vs 0,38 pour des élevages laitiers. Vis-à-vis du parasitisme, la diminution drastique voire la suppression des traitements anthelminthiques est une demande forte des éleveurs bio. Cela implique la mise en œuvre d’une rotation rigoureuse du pâturage, l’utilisation de certaines plantes et l’évaluation fine des niveaux d’infestation. Cette démarche demande aux éleveurs d’acquérir une technicité accrue en matière de gestion du parasitisme. Elle se traduit aussi par une sollicitation des vétérinaires dans des domaines où ceux-ci sont généralement peu ou pas formés : gestion du pâturage, phytothérapie, méthodes de traitement sélectif, etc. Ces sollicitations de la part des éleveurs sont aussi une occasion pour le vétérinaire d’expérimenter de nouvelles approches dans la gestion du parasitisme qu’ils pourront réinvestir auprès des éleveurs conventionnels qui seront confrontés tôt ou tard à des parasites résistants aux molécules anthelminthiques. Mais cette démarche implique de ne plus faire rémunérer implicitement le conseil en parasitisme par la vente de produits antiparasitaires. Le travail avec des éleveurs en agriculture biologique représente un défi stimulant sur un plan technique mais aussi par les modalités nouvelles de collaboration qu’il implique pour les vétérinaires.
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